Faces

JOHN CASSAVETES

Avec GENA ROWLANDS, SEYMOUR CASSEL, JOHN MARLEY

  • 1968
  • 2h09

Après des années de vie commune, un couple semble se défaire en trente six heures : errances nocturnes, alcoool, flirts et mauvaise conscience. Des conversation filmées caméra à l’épaule, qui donnent à voir et à sentir, sans jamais expliquer ou prendre parti, mais qui s’égrennent au profit d’une vérité émotionnelle incomparable. Grâce à un montage étonnant, Faces donne l’impression de se dérouler presque en temps réel, sur une douzaine d’heures où chaque plan compte autant que les autres. D’où cette sensation unique d’écoulement temporel qui capte de véritables morceaux de temps dans la vie des personnages.

À ceci s’ajoute l’extraordinaire réalisation de Cassavetes : les nombreux plans-séquences sont entrecoupés de très gros plans, non sur la personne qui parle, mais sur celle qui écoute ou qui assiste au dialogue. D’où la naissance dans le film d’un autre film, celui des émotions, celui des torrents d’amour. La caméra portée accentue le mouvement de fuite, de refus du confort, et d’inquiétude permanente de ces personnages en quête d’amour. Car il s’agit avant tout de cela : Faces, comme tous les films de son auteur – Une femme sous influence, Husbands, Love Streams – ne traite que d’un thème, l’amour, l’amour qui se défait, qui éclôt, qui avorte, qui promet. Mais à la différence des films qui vont suivre, celui-ci est presque totalement désespéré – c’est donc le plus beau et le plus grave de cet écorché vif du cinéma américain.