La Chienne

Jean Renoir

Avec Michel Simon, Janie Mareze, Georges Flamant

  • 1931
  • 1h40

Modeste caissier d’une entreprise de bonneterie, Maurice Legrand est flanqué d’une épouse acrimonieuse. En sortant d’un banquet arrosé, il rencontre Lulu, qu’il prend pour maîtresse. La jeune femme subit les vilenies de Dédé, un proxénète avide d’argent, qui l’oblige à ruiner Legrand.

Jean Renoir marche là sur les traces d’Eric von Stroheim, montrant la crasse humaine sous ses manifestations les plus inavouables. Il songea même à tourner une scène d’exécution publique, mais la censure mit le holà. Avant l’apothéose de La Règle du jeu, il traque les mensonges sous toutes leurs formes, ceux qu’on assène aux autres, mais aussi ceux dont on se berce soi-même. Sa passion pour Michel Simon transpire à chaque image. Renoir exigea de lui un pincement de bouche très précis, qui fit son triomphe. Il faut voir sa mine quand Lulu le quitte en lui assenant : «Tu t’es pas regardé dans la glace.»(Télérama)

1931, année de la sortie de La Chienne, marque un tournant dans la carrière de Jean Renoir. Alors que ses premiers films, muets, ne l’ont pas encore imposé comme un cinéaste majeur, il lui tarde de se frotter au parlant qui lui semble offrir des perspectives nouvelles. Après avoir tourné en six jours seulement On purge bébé, d’après Feydeau, Renoir s’attelle à l’adaptation de La Chienne, roman de La Fouchardière préalablement monté au théâtre. Pour un – quasi – coup d’essai, c’est un coup de génie : ouvrant la voie du réalisme poétique, le réalisateur signe un formidable drame anarchiste et prouve, par la même occasion, qu’il maîtrise parfaitement la prise de son direct, sans pour autant se laisser entraver par la lourdeur et l’encombrement des caméras de l’époque. (Solaris Distribution)