La Grande illusion

JEAN RENOIR

Avec JEAN GABIN, DITA PARLO, PIERRE FRESNAY, ERICH VON STROHEIM

  • 1937
  • 1h54

« Venez voir la réalité dans La Grande Illusion ! » – sur cette
promesse énigmatique s’achève la bande-annonce de juin
1937. La réalité ? Renoir, à quarante-deux ans, est catalogué
comme cinéaste réaliste pour son adaptation pourtant
artificielle des Bas-fonds de Gorki. Malentendu ? À sa sortie
le 4 juin 1937, l’immense succès de La Grande Illusion ne
le protègera pas davantage des méprises. Mais Renoir y
cristallise de manière définitive son approche personnelle du
réalisme, un réalisme qui s’étend de son écriture singulière à
son choix des décors.

Inspirée par les souvenirs de l’adjudant Pinsard, compagnon
d’armes de Renoir en 1914-1918, l’action se déroule en trois
actes : la capture du capitaine de Boeldieu et du lieutenant
Maréchal et leur rencontre avec le capitaine von Rauffenstein,
directeur du camp, et le soldat Rosenthal (Marcel Dalio),
compagnon de chambrée. Après une première tentative
d’évasion ratée, la deuxième partie se situe dans la forteresse
de Wintersborn, sous la neige ; cette fois-ci, grâce au
sacrifice de Boeldieu, Maréchal et Rosenthal s’évadent. Dans
un troisième temps, plus bref, les deux fugitifs errent dans la
campagne allemande avant de trouver refuge chez Elsa.

Apprécié par John Ford, « c’est une des meilleures
choses que j’aie vues », plébiscité par Franklin D.
Roosevelt, « tous les démocrates devraient le voir »,
secrètement goûté par Mussolini, La Grande
Illusion fait l’objet d’une interdiction en Allemagne
et en Italie. Pour Goebbels, « c’est l’ennemi cinématographique
numéro un ». Malgré certaines
critiques – notamment après la Seconde Guerre
mondiale – reprochant au film une trop grande
fraternisation entre prisonniers et gardes
allemands, La Grande Illusion reste un film
indémodable qui révèle à chaque époque de
nouvelles possibilités de lecture.

(Extrait du document édité par l’ADRC avec le soutien du CNC, en partenariat avec les Cahiers du Cinéma.)