Makala

Emmanuel Gras

Avec Kabwita Kasongo, Lydie Kasongo

  • 2017
  • 1h36

Au Congo, un jeune villageois espère offrir un avenir meilleur à sa famille. Il a comme ressources ses bras, la brousse environnante et une volonté tenace. Parti sur des routes dangereuses et épuisantes pour vendre le fruit de son travail, il découvrira la valeur de son effort et le prix de ses rêves.

«Le talent d’Emmanuel Gras est de rendre presque onirique, presque mystique, la quête de son héros. Au point que son documentaire bascule, soudain, vers une véritable fiction. Presque un suspense : Kabwita parviendra-t-il sain et sauf à la capitale ? Aura-t-il l’habileté de récolter l’argent qu’il lui faut ? L’attention avec laquelle le cinéaste contemple son personnage rappelle les grands Italiens de l’immédiat après-guerre : Roberto Rossellini et sa rigueur, Vittorio de Sica et son émotion douloureuse. Emmanuel Gras est un drôle de type, en fait, un peu cinglé, auteur d’un documentaire intitulé Bovines, dont les héroïnes sont des vaches. On les voyait meugler, mâcher, jouer avec un sac plastique, souffrir, aussi, lorsque leurs veaux étaient conduits à l’abattoir. On les voyait regarder l’objectif du cinéaste avec un étonnement profond. Et on se souvient que l’une d’elles, la plus belle, avait des cils aussi longs que ceux de Greta Garbo Dans Bovines, tout reposait sur le regard du cinéaste qui, d’emblée, excluait toute facilité, toute roublardise. C’est cette honnêteté, cette droiture que l’on retrouve dans Le périple de Kabwita entouré, comme dans une icône triptyque, de deux segments : le choix de l’arbre qu’il va découper et son bref séjour dans la capitale où, avant de se rendre dans une église qui semble le consoler de sa misère, il rend visite à sa fille qui vit, désormais, loin de lui On sent, à chaque instant, le réalisateur se poser des questions morales qui l’honorent : comment filmer Kabwita sans l’humilier ? Comment résister à lui porter secours lorsqu’il se trouve en difficulté ? Comment éviter l’indécence, en somme ? Emmanuel Gras y parvient, à force d’honnêteté et de pudeur. Makala («charbon» en swahili) est un film remarquable.» (Télérama)

Grand Prix de la Semaine de la Critique Festival de Cannes 2017
Ce film est soutenu par le GNCR (Groupement National des Cinémas de Recherche)
et l’AFCAE (Association Française des Cinémas d’Art et Essai)