Nothingwood

Sonia Kronlund

  • 2017
  • 1h25

À une centaine de kilomètres de Kaboul, Salim Shaheen, l’acteur-réalisateur producteur le plus populaire et prolifique d’Afghanistan, est venu projeter quelques-uns de ses 110 films et tourner le 111e. Ce voyage dans lequel il a entraîné sa bande de comédiens, tous plus excentriques et incontrôlables les uns que les autres, est l’occasion de faire la connaissance de cet amoureux du cinéma, qui fabrique sans relâche des films de série Z dans un pays en guerre depuis plus de trente ans.

A l’instar d’Ed Wood, immortalisé par Tim Burton, Salim Shaheen fait partie de la catégorie des réalisateurs un brin fêlés dont la passion dévorante et enfantine du cinéma les pousse, en dépit de toute règle, de tout canon esthétique, à réaliser leurs films à tout prix, et souvent sans aucun moyen si ce n’est un enthousiasme qu’ils réussissent à rendre suffisamment contagieux pour entraîner quelques complices dans l’aventure.

Au coeur des montagnes d’Afghanistan, malgré les vicissitudes des guerres et occupations successives, l’extraordinaire Salim Shaheen a tourné quelques 110 films de genre : mélo social, films de guerre, de kung fu dont il est généralement la vedette principale. Une carrière débordante qui a fait de lui une star incontestée aux quatre coins de son pays. Devant tant de passion sincère et d’énergie créative, on se dit, nonobstant tout jugement critique, que la magie première du cinéma réside bien là aussi. Et elle est ici d’autant plus agissante qu’elle nous permet d’avoir un regard moins caricatural sur un pays et un peuple trop souvent cantonnés au registre des reportages tragiques et morbides.

Sélection Quinzaine des Réalisateur Festival de Cannes 2017