Thelma

Joachim Trier

Avec Eili Harboe, Okay Kaya, Ellen Dorrit Petersen, Henrik Rafaelsen, Marte Magnusdotter Solem

  • 2017
  • 1h56

Thelma, une jeune et timide étudiante, vient de quitter la maison de ses très dévots parents pour aller étudier dans une université d’Oslo. Irrésistiblement et secrètement attirée par la très belle Anja, elle fait un jour une crise d’épilepsie d’une violence inouïe. Peu à peu, Thelma se sent submergée par l’intensité de ses sentiments pour Anja, qu’elle n’ose avouer et devient la proie de crises de plus en plus fréquentes et paroxystiques. Il devient bientôt évident que ces attaques sont en réalité le symptôme de facultés surnaturelles et dangereuses. Thelma se retrouve alors confrontée à son passé, lourd des tragiques implications de ces pouvoirs…

Thelma pourrait “aisément” être résumé comme un thriller d’apprentissage lesbien surnaturel, mais le talent de Trier en fait bien plus qu’un film de genre raffiné et y mêle à parts égales réel et fantastique. Débutant comme un hommage au cinéma d’horreur des années 1980 (de Brian De Palma à Stephen King) le film se fait plus bergmanien évoquant la castration émotionnelle opérée par la religion, avant de se muer en reconstruction presque transcendantale d’une réalité d’un autre monde. Anti-spectaculaire, le film fait de la découverte du sentiment amoureux, de la sensualité et du laisser-aller passionnel qui en découle, le catalyseur d’un pouvoir surnaturel destructeur qui cite volontairement Carrie de Brian De Palma (notamment dans son rapport à l’aliénation religieuse), jusque dans la composition délicate de la révélation Elli Harboe. Humble et enivrant, le Trier nouveau est une première incursion réussie dans le cinéma fantastique.