Un homme intégre

Mohammad Rasoulof

Avec Reza Akhlaghirad, Soudabeh Beizaee, Nasim Adabi, Missagh Zareh

  • 2017
  • 1h57

Reza, installé en pleine nature avec sa femme et son fils, mène une vie retirée et se consacre à l’élevage de poissons d’eau douce. Une compagnie privée qui a des visées sur son terrain est prête à tout pour le contraindre à vendre. Mais peut-on lutter contre la corruption sans se salir les mains ?

Primé à Cannes dans la même section en 2011 pour Au revoir, l’Iranien continue sa critique implacable des maux qui rongent son pays dans une intrigue tout en colère contenue. Un pamphlet anticorruption dont l’administration iranienne avait tenté d’interdire le tournage. Les mollahs à la triste figure voudraient sans doute nous faire oublier à quel point l’Iran est un grand pays de libre-penseurs, d’artistes aussi audacieux que talentueux. Et c’est particulièrement vrai pour ses cinéastes, qu’on admire d’autant plus qu’ils savent ce qu’ils risquent en bravant la censure. Il faut d’urgence voir ce magistral Un homme intègre et signer la pétition en ligne sur change.org afin de soutenir son réalisateur Mohamed Rasoulof qui risque six ans de prison dans son pays et vient de se voir confisquer son passeport. Il vous sautera aux yeux que ce thriller tendu, de haute tenue, est une oeuvre éminemment politique, qui offre une analyse terriblement lucide et décapante des dessous d’une société où il n’existe guère d’autre alternative que d’être oppresseur ou opprimé, corrupteur ou corrompu. Le récit de cet affrontement implacable est ponctué de moments de douceur et de grâce indicibles Comme ceux où Reza vient se réfugier dans un havre secret au creux des collines, une grotte aux eaux opalines. Il se love dans cette matrice tiède, se laissant griser loin des affres du monde par un vin de pastèque fabriqué en cachette. Petite gorgée de bonheur nécessaire pour continuer de croire à cette humanité qui lui est chère, se ressourcer et repartir inlassablement au combat. On est tenus en haleine jusqu’au dénouement, très fort, d’une férocité ravageuse

Prix un Certain Regard Festival de Cannes 2017
Ce film est soutenu par l’AFCAE (Association Française des Cinémas d’Art et Essai)