68, mon père et les clous

Samuel Bigiaoui

  • 2018
  • 1h24

Ouverte il y a 30 ans, en plein Quartier latin, la quincaillerie de mon père est un haut lieu de sociabilité. C’est aussi l’ancien terrain de jeu de mon enfance. Bricomonge va fermer. À l’heure de l’inventaire et des comptes, j’accompagne mon père dans les derniers moments du magasin. Et je cherche à comprendre ce qui a amené le militant maoïste qu’il était dans les années 1960-1970, intellectuel diplômé, à vendre des clous.

Pour son premier film, Samuel Bigiaoui relève le défi avec grâce, et simplicité. Entre les rayonnages qui se vident peu à peu, l’arrière-boutique et jusqu’au sous-sol, la caméra capte les relations complices avec des clients fidèles et celles entre ce patron atypique avec ses employés d’origines très diverses. C’est un huis clos qui transpire d’humanité. Par les dialogues parfois profonds ou légers, par les boutades, par les regards. Peu à peu se dessine aussi, une relation très touchante entre le fils-filmeur et le père filmé. Grâce à une juste distance de la caméra, Samuel Bigiaoui signe un film à la fois pudique, fluide et sensible.