Gaby Baby Doll

Sophie Letourneur

Avec Lolita Chammah, Benjamin Biolay, Félix Moati

  • 2014
  • 1h28

Gaby, on ne devrait pas la laisser seule la nuit. Or, c’est justement ce que fait Vincent, son petit ami, pour mettre son amour à l’épreuve. Elle a pourtant du mal à contrarier sa nature et, a vite fait d’épuiser la patience des gars du village. Mais cette histoire abrite un autre personnage: Nicolas, gardien du château, et c’est vers cet expert en solitude, que Gaby choisit de se tourner – quitte à le détourner de son cher chemin.

Sophie Letourneur occupe décidément une place singulière dans le cinéma. Pour notre plus grand plaisir. Sa liberté narrative est portée par un travail impressionnant et une maîtrise de la direction d’acteurs et des dialogues. Ce troisième film (après La Vie au ranch et Les Coquillettes) prolonge d’une certaine façon ce qui est à l’œuvre dans son cinéma, en s’attachant à la fin du groupe, et une réflexion sur la possibilité du couple, au sein d’une comédie à la mise en scène soignée. Un vrai conte dont le mélange curieux avec la touche Letourneur fait tout le charme : drôle, féroce, capable d’outrance, de grotesque, même, sans que le trait paraisse forcé. Capable aussi de belles trouvailles de narration en clin d’oeil au réalisateur coréen Hong Sang-Soo dont elle est admiratrice. Le spectre du Coréen n’est pas si loin dans ce conte répétitif et alcoolisé. Sa douce amertume aussi. Le résultat, surprenant et attachant, confirme la sensibilité à part de sa réalisatrice.