Je suis un soldat

Laurent Larivière

Avec Louise Bourgoin, Jean-Hugues Anglade, Anne Benoit

  • 2015
  • 1h35

Sandrine, trente ans, est obligée de retourner vivre chez sa mère à Roubaix. Sans emploi, elle accepte de travailler pour son oncle dans un chenil qui s’avère être la plaque tournante d’un trafic de chiens venus des pays de l’est. Elle acquiert rapidement autorité et respect dans ce milieu d’hommes et gagne l’argent qui manque à sa liberté. Mais parfois les bons soldats cessent d’obéir.

Avec Je suis un soldat, Laurent Larivière signe un premier film de crise âpre et noir, presque viscéral, dont la combattante est une Louise Bourgoin transformée en héroïne dardenienne. Derrière la terrifiante réalité du trafic d’animaux, (au 3ème rang mondial des trafics après celui de la drogue et des armes) se dessine un univers plus inquiétant encore : celui du malaise contemporain, avec le chômage et les CDD sans espoir d’embauche. Charriant un romanesque rugueux, Laurent Larivière évoque la tragédie du déterminisme social et observe avec une certaine acuité le mal être, la solitude et la frustration de ceux qui se demandent jusqu’où il faut aller pour se faire sa place. Cheveux courts, combinaison de travail et bottes en caoutchouc, Louise Bourgoin apporte de la douceur et de la détermination à cette combattante envoyée au front pour faire fructifier le trafic de son oncle. La brutalité de cet univers exclusivement masculin et marginal, évoquant en biais celui de la boxe dans lequel Marion Cotillard s’imposait dans De Rouille et d’Os. Face à sa résilience, Jean-Hughes Anglade habite intensément son rôle dans lequel il insinue une menace sourde et un malaise étrangement sensuel. Avec sa manière de faire se répondre différents motifs, finement, sans lourdeur, et de rendre la psychologie de l’héroïne et ses relations avec son entourage à leur complexité, Je suis un soldat est assurément un premier film très intelligent et maîtrisé qui invite à suivre de près la carrière naissante de Laurent Larivière.

Sélection Officielle Un Certain Regard Festival de Cannes 2015