La Forme de l’eau

Guillermo del Toro

Avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins

  • 2017
  • 2h03

Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres

Lauréat du Lion d’Or à Venise, grand favori aux Oscars (13 nominations dont meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure actrice), Guillermo Del Toro triomphe en ce moment avec La Forme de l’eau, et on ne peut que se joindre à l’enthousiasme général face à cette tendre déclaration d’amour aux exclus sous forme de romance monstrueuse. Il s’agit d’un film inclassable, dans lequel Guillermo Del Toro mélange audacieusement les genres. C’est à la fois un conte de fée – une variation sur le thème de la Belle et la Bête -, un hommage aux vieux films d’horreur – la créature ressemble à celle du classique Lac noir de Jack Arnold – , et une allégorie politique sur la peur de l’autre et le refus de l’étranger – Del Toro, cinéaste mexicain, travaille dans l’Amérique de Donald Trump – son message n’a rien d’innocent. Ce mélange de genres pourrait se révéler disparate, il n’en est rien, parce que le cinéaste effectue une synthèse harmonieuse grâce à un extraordinaire brio formel : les décors rétro sophistiqués, la direction photo, la musique envoûtante d’Alexandre Desplat Tout concours à en faire un enchantement et même si la naïveté du postulat peut freiner les cyniques, la beauté de ce conte gothique atteint une universalité et une résonance politique qui sont la marque des plus grands chefs-d’oeuvre du genre. Brillant.

Lion d’or à la Mostra de Venise – Meilleur réalisateur et Meilleure musique Golden Globes 2018