Nos Années sauvages

Wong Kar-Wai

Avec Leslie Cheung, Jacky Cheung, Maggie Cheung

  • 1996
  • 1h33

Yuddy collectionne les conquêtes et n’en peut vite plus de ces jeunes femmes qui, à peine séduites, imaginent déjà la vie à deux, le mariage, la monogamie. Pas son truc. Exit Su, trop fleur bleue, le voilà désormais qui fréquente Leung, un peu plus affranchie – elle danse dans des night-clubs. Du coup, Su attend en bas de l’appartement de son ancien amant, inconsolable, quand surgit, prêt à la secourir, le policier de proximité qui fait sa ronde dans le Hong-Kong des années 60.

Avec Nos années sauvages, Wong Kar-wai lâche une véritable bombe, brisant tout à la fois les stars, la mémoire et le rythme d’habitude acceptés par le public. Le film est un chef-d’oeuvre, peut-être le plus important de la décennie à Hong Kong. Wong portera l’échec cuisant du film durant près de trois ans. C’est désormais un cinéaste maudit, une image qui lui sied à merveille et qui va le pousser à s’engager dans la mise au point d’une œuvre définitive sur le cinéma chinois : un wuxia pian (film de « chevaliers errants »). En s’immergeant totalement dans la tradition, Wong sera toujours déchiré entre le cinéma européen et celui de ses origines, entre la fascination et le refus. Cette démarche courageuse va exploser avec deux films tournés coup sur coup : Les Cendres du temps et Chungking Express. (Julien Carbon, Positif, n° 410 avril, 1995.)