Réalité

Quentin Dupieux

Avec Alain Chabat, Jonathan Lambert, Élodie Bouchez

  • France
  • VF
  • 2014
  • 1h27
  • Tout public

Jason, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d’horreur. Bob Marshal, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48h pour trouver le meilleur gémissement de l’histoire du cinéma

Les habitués de Quentin Dupieux s’étonneront de ne trouver guère de trace de la propre musique de l’artiste touche-à-tout dans son nouveau film. Ses compositions laissent en effet place à une simple boucle composée par Philip Glass. Pas un hasard : la structure même du film, savante mécanique visant au chaos et à la suspension de tout sens, épouse une trajectoire glassienne dans son envol – une petite suite de notes qui gagne en ampleur et richesse à mesure qu’elle se répète. Cette musicalité que développe le film, à la fois grinçante et vertigineuse, témoigne d’une conversion du «no reason» du cinéaste (principe arbitraire vecteur de ruptures de tons) en un véritable moteur structurel impressionnant de virtuosité et de modernité. Réalité ressemble à un décalque tumultueux et retors d’Inception, où la verticalité des emboîtements est troquée contre une explosion des espaces-temps. Dupieux semble enfin toucher au but tant recherché depuis Nonfilm : la peinture difforme d’une réalité où l’illusion d’un ordre est abolie. Un film fou, vortex animé par l’irrésistible force de l’anarchie où Alain Chabat est génial de douceur et d’hébétude.

Ce film est soutenu par le Groupement National des Cinémas de Recherche (GNCR)